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3 janvier 2020 5 03 /01 /janvier /2020 18:10

1. Parasite de Bong Joon-ho (Corée du Sud)

Un film aux allures de conte qui raconte avec beaucoup de subtilité sur les rêves d’ascension sociale d’une famille pauvre. Loin de s’inscrire dans un registre unique, Parasite les transcende tous en étant tout à la fois une satire sociale, un thriller, un film d’épouvante et un drame. Sans jamais verser dans les stéréotypes, le film illustre avec beaucoup de mordant la fracture sociale. Instantanément culte.

2. L’heure de la sortie de Sébastien Marnier (France)

Un thriller français audacieux qui porte à l’écran une génération désabusée par la crise environnementale. En épousant le regard incrédule que porte un professeur de collège sur ses élèves, le film illustre parfaitement le choc des générations et parvient à en tirer une atmosphère aussi mystérieuse qu’inquiétante.

3. Green Book : sur les routes du sud de Peter Farrelly (Etats-Unis)

Un road-trip sur l’amitié et la différence. La réalisation est classique mais le film est rythmé et fonctionne bien, en grande partie grâce à ses interprètes.

4. El Reino de Rodrigo Sorogoyen (Espagne)

Un thriller qui porte un regard acerbe sur le monde politique en évoquant la fuite en avant d’un homme politique accusé de corruption et prêt à tout pour sauver sa place.

5. Les Misérables de Ladj Ly (France)

Un état des lieux alarmant sur la situation des banlieues en France. Le film évite les clichés en illustrant à la fois la difficulté du travail de la police et la difficulté de la vie quotidienne des quartiers.

 

 

6. Le chant du loup de Antonin Baudry (France)

Un film d’action très réussi qui suit l’équipage d’un sous-marin et en particulier son jeune spécialiste des sonars. Comme il s’agit d’un film Français, il est garanti sans patriotisme exacerbé et avec de très bons acteurs (et Omar Sy).

7. Le traître de Marco Bellochio (Italie)

Un film sur la mafia oui, mais relativement différent de ce que l'on a l'habitude de voir. Le film évoque l'histoire vraie de la fin de règne d’un parrain de la mafia.

8. Une intime conviction de Antoine Raimbault (France)

Un film de procès qui évoque l’affaire Viguier (dans laquelle le principal suspect que tout semblait accuser de meurtre est finalement acquitté). Le film propose une vraie réflexion sur la difficulté de rendre la justice et le besoin d’une justice équilibrée qui doit résister à la pression de l’opinion publique.

9. Border de Ali Abbasi (Suède)

Une expérience sensorielle totale qui évoque la difficulté de trouver sa place dans la société à travers une histoire d’amour originale entre deux personnages que tout rapproche mais que tout oppose.

10. J’ai perdu mon corps de Jérémy Clapin (France)

Un film d’animation qui évoque le destin avec beaucoup de poésie et de mélancolie.

 

11. La Belle Epoque de Nicolas Bedos (France)

Une comédie touchante sur un sexagénaire qui reprend goût à la vie en revivant le souvenir de sa rencontre avec sa femme. On retrouve la plume précise et efficace de Nicolas Bedos.

12. Mon inconnue de Hugo Gélin (France)

Une comédie romantique pétillante avec une dose de fantastique. Et avec François Civil.

13. La Mule de Clint Eastwood (Etats-Unis)

Un film assez classique mais néanmoins efficace qui raconte l'histoire d'un vieil homme qui, ayant besoin d’argent, prend part à un trafic de drogue. C'est surtout l'occasion de revoir Clint Eastwood à l'écran.

14. Une vie cachée de Terrence Malick (Etats-Unis)

L’histoire vraie d’un fermier allemand qui refusa de jurer fidélité à Hitler pendant la 2nde guerre mondiale. Comme toujours avec Malick les images sont magnifiques et se regardent comme des tableaux de maitre.

15. Once upon a time in Hollywood de Quentin Tarantino (Etats-Unis)

Un film de cinéphile qui réécrit le jour où Sharon Tate a croisé la route de la Manson Family. Le film est d’une maîtrise technique absolue et Leonardo diCaprio y est véritablement impressionnant.

 

 

En résumé, je dirais que cette année encore, le cinéma donne à réfléchir et dépeint avec force les enjeux de notre époque : fracture sociale, crise environnementale, lutte des minorités pour légalité des droits et contre les discriminations, corruption des dirigeants… Une fois encore, on retiendra des films remarquables en provenance du monde entier et dans tous les registres. 2019 a également été une très bonne année pour le cinéma Français qui a su proposer des films audacieux. En revanche, d’autres films très attendus se sont révélés décevants.

FLOP 5

- The Irishman de Martin Scorsese

On pourrait présenter ce film comme une version décousue et sans panache du Traitre puisqu'il évoque également la lente agonie de parrains de la mafia. On est certes à l’opposé de films de super-héros que le réalisateur a récemment conchié mais où sont les émotions? Quel est le propos? Scorsese semble avoir dépensé 160 millions de dollars pour nous infliger 3h30 de film et tout cela pour nous faire part de sa grande découverte: à la fin de leurs vies, les parrains de la mafia meurent comme tout le monde.

- Bienvenue à Marwen de Robert Zemeckis

Si la technique est impeccable, le scenario est en revanche particulièrement malaisant car d’une rare niaiserie. Si elle n'était pas sans le moindre intérêt, cette adaptation aurait pu être une bonne idée. On est bien loin de Retour vers le futur.

- Joker de Todd Phillips

Si le succès de ce film était prévisible, il n’en reste pas moins une version vulgaire de Parasite, sans nuance et pétrie de manichéisme à l’envers. Le futur méchant est absolument gentil tandis que la société, qui est habituellement victime, est ici absolument mauvaise. Parasite restera, Joker sera vite oublié. Ca tombe bien, il y a dans ce film des relents de populisme qui sont certes à l'image de notre époque mais qui interrogent sur le propos nauséabond du film.

- Hors normes de Olivier Nakache et Eric Toledano

Les réalisateurs, qui éprouvent visiblement des difficultés à rebondir après le succès de Intouchables, font le choix de l'émotion facile avec une histoire d’une grande prévisibilité et des personnages caricaturaux.

- Synonymes de Nadav Lapid

Un scénario complétement what the fuck et des personnages tous plus têtes à claques les uns que les autres pour la pire séance de cette année.

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12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 17:57

Je regardais hier soir Desperate Housewives lorsque, soudain, une idée: « mais, au fait, pourquoi est-ce que je regarde cette bouse » ? Et c’est ainsi que, ne trouvant pas le bout du début de la queue d’une réponse, je me résolus à éteindre ma télévision. Et si derrière ses airs un peu prétentieux Desperate Housewives était en réalité une série un peu niaise voir même franchement idiote ? Je ne sais si elle a toujours été mauvaise comme je la trouve aujourd’hui ou alors si la bonne idée de départ a tourné au désastre, mais force est de constater que les scénaristes manquent cruellement d’imagination et se contentent de confronter leurs personnages à toute sorte de situations stériles, plus ou moins extravagantes. Sans la moindre logique, tout y passe : de la tornade au divorce en passant par divers problèmes de santé. Il n’en résulte… pas grand-chose et c’est bien ça le problème. Cette série ne parle de rien. Surtout pas de "desperate" et encore moins de "housewives".

En fait, je crois que les personnages sont nombreux pour dissimuler le manque évident de scénario. L’histoire se résume à faire se rencontrer les habitants de Wisteria Lane entre eux afin de les confronter les uns avec les autres. Et quand on commence à avoir fait le tour, on recommence. C’est ainsi que des personnages inutiles et inintéressants refont surface de temps à autres, au grès du hasard des scénarios. Que ce soit John, Andrew, Zack ou Ric, on ne compte plus ceux dont on avait carrément oublié l’existence, tellement ils n'ont été créé que pour "meubler". Il existe également une autre parade, moins discrète celle-ci, pour faire mine de relancer l'intrigue : créer de nouveaux personnages. C’est ainsi qu’à chaque nouvelle saison correspond son lot de nouveaux voisins, qui dissimulent évidemment de terribles secrets qui n'ont, la plupart du temps, rien de crédibles mais dont on veux pourtant nous faire croire que notre principal désir sera désormais de percer l'incroyable mystère (alors que globalement on s’en moque). Mais ces nouveaux voisins sont en réalité tellement lisses qu'ils ralentissent l'histoire, à l'image du couple gay qui fait figure de pur gadget, malgré une arrivée qui avait été annoncée en grande pompe.

Bref, on s'ennuie terriblement dans ce quartier trop, beaucoup trop, propre. D'autant plus que la même histoire nous est resservie depuis cinq ans déjà. Si au départ c'était supportable, ça ne l'est plus et pour cause, la sympathique Susan est devenue franchement nunuche, Gabrielle est toujours aussi antipathique et même Eddie n'est plus aussi garce que dans les débuts. Les scénaristes sont donc bien embêtés pour écrire un peu plus de 20 épisodes avec du vide. Et ils ne sont guère aidés par leurs personnages monodimensionnels, parce qu’en plus d’être idiote, cette série est superficielle. Comment peut-on consacrer un épisode entier à une fontaine trop bruyante? Marc Cherry et ses acolytes manquent cruellement d'ambition et se trompent d’enjeux. On peut rajouter à ce constat peu réjouissant des prestations d’acteurs dans l'ensemble plutôt pitoyables, la plupart d'entre eux faisant preuve d’autant de charisme qu’une mouche morte (mis à part peut-être Shawn Pyfrom dans le rôle de Andrew et Felicity Huffman dans celui de Lynette).

Si à ses débuts, Desperate Housewives se voulait être une série audacieuse, portant un regard cynique sur la société et critiquant ses petits travers avec sarcasme, elle a réussi à devenir tout le contraire : un soap mou du genou, sans verve, bourré de fausses manières et de valeurs répugnantes. Si je ne sais pas vraiment pourquoi j’ai commencé à suivre cette série, je sais aujourd’hui pourquoi je la laisse tomber...



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30 juillet 2009 4 30 /07 /juillet /2009 00:53

Un film de David Yates

Sorti en 2009 - Durée: 2h 32min

Titre original : Harry Potter and the Half-Blood Prince

Avec Daniel Radcliffe (Harry Potter), Rupert Grint (Ron Weasley), Emma Watson (Hermione Granger), Alan Rickman (Severus Rogue), Helena Bonham Carter (Bellatrix Lestrange), Michael Gambon (Albus Dumbledore)...

L'histoire: L'étau démoniaque de Voldemort se resserre sur l'univers des Moldus et le monde de la sorcellerie. Si Poudlard a cessé d'être un havre de paix, Dumbledore est plus que jamais décidé à préparer Harry à son combat final. Ensemble, le vieux maître et le jeune sorcier vont tenter de percer à jour les défenses de Voldemort. Dumbledore va manipuler son ancien collègue, le Professeur Horace Slughorn, qu'il croit en possession d'informations vitales sur Voldemort. Mais un autre "mal" hante cette année les étudiants: le démon de l'adolescence! Harry est de plus en plus attiré par Ginny, Lavande a jeté son dévolu sur Ron et Hermione, rongée par la jalousie, a décidé de cacher ses sentiments, vaille que vaille.

Autant l’avouer tout de suite, je n’ai pas réussi à me mettre d’accord avec moi-même: impossible de savoir si j'ai aimé le film. Quoi qu'il en soit, la sortie d’un nouveau Harry Potter est toujours un événement particulier. A chaque fois, c’est l’assurance de se rendre au ciné, d’attendre fébrilement que la lumière s’éteigne, puis de fixer, 2h30 durant, l’écran magique sur lequel s'anime un monde unique. C'est 2h30 que l'on passe les yeux écarquillés comme ceux d'un gamin pour ne pas louper une miette d’un spectacle enivrant. 2h30 loin du monde des moldus! C’est toujours un plaisir intense lorsque le titre apparaît à l’écran. C’est plutôt rare comme sensation. Et huit ans après les débuts de l’adaptation cinématographique des romans de J.K. Rowling, le plaisir de retourner à Poudlard n’a pas faibli.

Le film est à bien des égards différents du livre dont il puise pourtant l’intrigue. L’accent est clairement mis sur les relations amoureuses des jeunes héros, au détriment de Voldemort, personnage ambigu à la psychologie complexe et qui aurait donc mérité qu’on s’intéresse plus à lui. Autant que je me souvienne, le bouquin réussit quelque chose de plutôt exceptionnel : donner une part d’humanité à un personnage que l’on a appris à détester depuis les toutes premières pages de la saga, au point de le rendre presque attachant. L’absence de Rogue est également regrettable, d’autant plus qu’il s’agit de l’un des personnages les plus intéressants de la saga, si ce n’est le plus intéressant. Et puis, c’est une drôle d’idée de faire Le prince de sang-mélé sans le prince de sang-mélé. Le fan que je suis regrette que les films ne s’intéressent pas d'avantage aux personnages. Mais écouter un fan des livres faire une critique des films peut rapidement devenir ennuyeux, voir même carrément incompréhensible. Je ne m’insurgerai donc pas contre le fait que les Inféris ressemblent trop à des elfes et que pour des morts-vivants, ils n’ont pas l’air très morts, pas plus d'ailleurs que je ne me révolterai de l’absence de la maison des Gaunt – ce qui est pourtant tout bonnement scandaleux!

Pourtant, je me demande s’il n’aurait pas mieux valu faire carrément l’impasse sur la partie de l’intrigue concernant le passé de Voldemort tant les scènes de souvenirs suscitent peu d’émotions et cassent le rythme du film en le ralentissant considérablement. La franchise devrait peut-être, au risque de s'écarter un peu plus encore des romans, assumer une fois pour toute son statut de blockbuster plutôt que d’essayer de jouer sur tous les fronts, au risque de s'imposer une structure narrative au rythme très irrégulier (soutenu dans son début et sa fin mais très lent en son sein). C’est sans doute que les contraintes d’un film sont très différentes de celles d’un livre. J.K. Rowling a doté son histoire de repères spatio-temporels forts qui sont autant de repères rassurants pour les lecteurs (à chaque tome de la série correspond une année scolaire à Poudlard). Mais ce qui fait la force des romans se transforme en contrainte pour les films qui souffrent terriblement de ce cadre figé qui les contraint à toujours suivre le même schéma narratif, ce qui donne l’impression de revivre sans cesse la même histoire. Le livre n'est peut-être en définitive qu'une matière première qu’il convient de travailler pour que le film ne soit pas simplement une mise en image.

On trouve quelque chose dans Twilight - Fascination que l’on avait aussi dans les premiers films et qui a disparu par la suite, à mesure que la saga est devenu une machine à broyer les sentiments, parfaitement huilée et laissant de ce fait peu de place à la surprise. Tout n’est certes pas parfait dans Twilight, les effets spéciaux par exemple sont un peu approximatifs voir même parfois franchement ratés. Mais bizarrement, ce n’est pas gênant, c’est même précisément cette maladresse qui fait le charme du film (bon après l’histoire reste ce qu’elle est et la métaphore des sentiments amoureux au travers du mythe du vampire, si habile soit-elle, doit faire face à ses propres limites). Je crois que David Yates est sur la bonne voie et que finalement, le plaisir de retourner à Poudlard l'emporte sur la frustation de ne pas avoir vu le film qu'on pouvait espérer. Et puis, on note dans Le Prince de Sang-mélé la volonté de bien faire et de prendre au sérieux l'univers créé par J.K. Rowling. La réalisation est soignée et la photographie très réussie, ce qui fait de ce film le plus abouti visuellement avec Le prisonnier d’Azkaban. Certaines scènes sont d’une beauté "plastique" inouïe. De plus, le film peut compter sur de bonnes prestations d’acteurs, en particulier celles de Ruppert Grint et surtout Helena Bonham Carter, une nouvelle fois prodigieuse dans le rôle de Bellatrix.

Après tout, en mettant l’accent sur les sentiments amoureux des personnages, David Yates déplace le centre de l’intrigue et de ce fait, l’histoire piétine un peu, mas il rend les personnages beaucoup plus humains et donc attachants. Harry n'apparaît plus seulement comme un héros infaillible mais il devient enfin une vraie personne! La scène avec la serveuse par exemple est certainement l’une des meilleures trouvailles depuis le début de la saga. Espérons que le réalisateur saura par la suite faire des choix audacieux. Le septième film verra par ailleurs une grande partie de l’action se dérouler en dehors de l’enceinte du château. Gageons que ce changement de cadre apporte un nouveau souffle à la saga.



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5 juillet 2009 7 05 /07 /juillet /2009 21:26
 

Un film de Sam Raimi

Sorti en 2009 - Durée: 1h 39min

Titre original : Drag me to Hell

 

Avec Alison Lohman (Christine), Justin Long (Clay), Lorna Raver (Mme Ganush)...

L'histoire: Christine Brown, spécialiste en crédit immobilier, vit à Los Angeles avec son petit ami, le Professeur Clay Dalton. Tout va pour le mieux jusqu'au jour où la mystérieuse Mme Ganush la supplie de lui accorder un crédit supplémentaire pour sa maison. Christine hésite entre la compassion et la pression de son patron qui la voudrait plus ferme avant de lui octroyer une promotion. Fatalement, Christine choisit sa carrière, même si sa décision met Mme Ganush à la rue. Pour se venger, la vieille femme jette la malédiction du Lamia sur Christine, transformant sa vie en un véritable cauchemar. Hantée par un esprit malfaisant, elle se fait aider du medium Rham Jas, qui l'entraîne dans une course frénétique contre la damnation éternelle...

On peut se rendre dans une salle de cinéma pour y voir Drag me to hell comme on déciderait d'embarquer dans un train fantôme: on y va moins pour avoir la trouille de sa vie que pour l'ambiance qui y règne. Le film est comme ça aussi: légèrement flippant mais surtout très amusant et, finalement, c'est lorsqu'on se trouve plongé dans le noir et que la musique s'emballe que l'on a le plus peur (la scène de l’invocation des esprits lors de la séance d’exorcisme). On peut alors regretter que les scènes de vie quotidienne viennent casser le rythme en faisant régulièrement retomber la pression mais elles ont toutefois le mérite d’ancrer le film dans la réalité, en particulier lorsqu’il y est question de réussite sociale. Et puis, le récit comporte son lot de moments de bravoure, la scène de la voiture et celle du cimetière étant particulièrement réussies. C'est ainsi que le voyage se déroule sans accroc, on avance paisiblement dans les dédales du parcours concocté par Sam Raimi, avec quelques fois, au détour d’un virage, la surprise de découvrir un monstre tapi dans le noir.

En fin de compte, quand Sam Raimi délaisse les films de super-héros pour revenir à son genre de prédilection, troquant ainsi un insipide homme-arraignée contre une vieille femme revancharde et avide de sortilèges, le résultat est diablement réussi. Car, que l'on parle de comédie horrifique ou de film d'horreur comique, il s'agit d'un vrai film d'épouvante qui ne se contente pas de provoquer le dégoût à grand renfort d'hémoglobine. Sous ses airs de film un peu artisanal qui sent l’encens et la bougie brûlée, Drag me to hell est l’assurance de passer un bon moment, voir même un bon moment de cinéma.



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12 juin 2009 5 12 /06 /juin /2009 18:22

Un film de Sean Penn

Sorti en 2008 - Durée: 2h 27min

Avec Emile Hirsch (Christopher McCandless), Jena Malone (Carine McCandless), Vince Vaughn (Wayne Westerberg), Kristen Stewart (Tracy Tatro), Hal Holbrook (Ron Franz)...

L'histoire: Tout juste diplômé de l'université, Christopher McCandless, 22 ans, est promis à un brillant avenir. Pourtant, tournant le dos à l'existence confortable et sans surprise qui l'attend, le jeune homme décide de prendre la route en laissant tout derrière lui. Des champs de blé du Dakota aux flots tumultueux du Colorado, en passant par les communautés hippies de Californie, Christopher va rencontrer des personnages hauts en couleur. Chacun, à sa manière, va façonner sa vision de la vie et des autres. Au bout de son voyage, Christopher atteindra son but ultime en s'aventurant seul dans les étendues sauvages de l'Alaska pour vivre en totale communion avec la nature.

Into the Wild est de ces films auxquels on repense avec nostalgie, longtemps après le générique de fin, comme d’un voyage que l’on voudrait refaire. Au delà même du dénouement, c’est bien le voyage lui-même qui compte, car il s’agit d’une expérience renversante qu’il faut faire, même si – et c’est sans doute le propre des expériences renversantes – on l’aime ou on la déteste. Il est difficile de rester mesuré quand on évoque ce film, tout comme il est difficile d’avoir un avis très tranché sur ce qu’a fait ou n’a pas fait Chris. Petit con arrogant pour certains, héros des temps modernes pour d’autres, le comportement de Chris divise autant qu’il fascine. Sean Penn ne présente jamais son personnage comme un héros, il garde toujours une certaine réserve bienvenue qui donne au film des allures de biopic. Et alors même que le sujet s’y prêtait, il a réussi à ne pas prendre nos émotions en otage et à ne pas faire un film trop plein de bons sentiments ou démago. C’est dans cette ambiguïté que se situe l’intérêt du film. Il a su garder la complexité des choses. L’interprétation d’Emile Hirsch rajoute l’impression d’un personnage insaisissable.

 

Pourtant, j’avoue avoir été gêné voir même agacé au premier visionnage par le montage et ces trop fréquents changements de plan qui donnent l’impression étrange de ne pas pouvoir aller au bout des images et donnent au film des allures de clip à la sauce MTV, les filles nues en moins. On peut également être rebuté par le ton du film qui, derrière la sympathie qu’il peut nous faire ressentir pour Chris, n’est en rien optimiste, bien au contraire. Je trouve q’il dissimule une vraie noirceur, un ton très sarcastique. Comme si Sean Penn semblait expliquer qu’il existe bel et bien des facteurs qui ont poussé Chris à partir, qui pourrait tous nous pousser à partir (l’absurdité des formalités administratives par exemple) mais qu’il faut s’en accommoder puisqu’il n’y a aucune solution. Rien ne sert de fui.

Pour conclure, malgré un ton parfois un peu naïf, Into the Wild est une invitation à la réflexion dans le sens où il pose de nombreuses questions sans chercher à y apporter de réponse.



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30 mai 2009 6 30 /05 /mai /2009 17:06

   

Un film de J.J. Abrams

Sorti en 2009 - Durée: 2h 8min


Avec Chris Pine (James Kirk), Zachary Quinto (Spock), Eric Bana (Nero)

 

 L'histoire: 

Ce nouveau Star Trek met en scène le premier voyage d'un nouvel équipage à bord de l'U.S.S. Enterprise, le vaisseau spatial le plus sophistiqué de l'histoire. Dans ce périple semé de dangers, les nouvelles recrues doivent tout faire pour empêcher le plan diabolique d'un être maléfique menaçant l'humanité toute entière dans sa quête de vengeance.
Le sort de la galaxie est entre les mains de deux officiers que tout oppose : d'un côté, James Kirk, tête brûlée en quête de sensations fortes, de l'autre, Spock, issu d'une société basée sur la logique et rejetant toute forme d'émotion.

Parfait inculte concernant tout ce qui touche de prêt ou de loin à la mythologie trékienne, je me dois de commencer cet article en confessant que je ne connaissais pas grand chose à l’univers de Star Trek avant d’en découvrir le dernier opus fraîchement sorti au cinéma. C’est donc très injustement que la célèbre saga de science-fiction se résumait selon moi à des oreilles pointues et des coupes de cheveux ridicules et qu’elle reprsentait même potentiellement le summum de la ringardise. Et puis j’ai vu le film de J.J. Abrams. Et je dois bien avouer que, désormais, Star Trek se résume à mes yeux non seulement à des oreilles pointues et des coupes de cheveux ridicules mais j’ai également découvert un incroyable potentiel nanardesque que je n’avais osé soupçonner jusque là et qui doit bien pourtant s'étendre vers l’infini et même probablement au delà. De là à dire que le film est mauvais, il n’y a qu’un pas… que je n’hésiterai pas à franchir. Ce film est mauvais.

Pourtant, sur le papier, le film de J.J. Abrams avait tout pour plaire, à commencer d’ailleurs par le fait qu’il est réalisé par J.J. Abrams lui-même, qui n’est autre que le Monsieur Lost, le petit génie que la galaxie toute entière célèbre pour avoir donné naissance au show télévisé le plus excitant de ces dernières années. On peut même ajouter à son tableau un Mission Impossible 3 très appréciable par lequel il semblait avoir prouvé que le grand écran aussi devrait composer avec lui. Viennent s'ajouter à cela une bande-annonce qui dépote (le monsieur n’est pas considéré comme le maître du buzz pour rien) et des critiques dithyrambiques. Le magazine Métro va même jusqu’à affirmer que le film est « visuellement superbe tout en refusant la surenchère d’effets spéciaux ». Alors, un monument de la science-fiction tel que Star Trek qui refuse la surenchère d’effets spéciaux, ça intrigue (ça m’intrigue en tout cas). Il m’apparaissait donc concevable de passer un bon moment et peut-être même de découvrir un bon film (on ne sait jamais après tout…).

Que nenni ! Le constat est pour moi sans appel : pas de scénario, pas de décors, pas de costumes, pas de dialogues, pas de personnages, pas d'acteurs. Le vide intersidéral en somme, auquel vient se greffer une réalisation très fade. Bref, pas de plaisir. L’ennui. Le chaos. La désolation. Si, juste des images qui viennent heurter la rétine du spectateur, sans toutefois parvenir à marquer les esprits et encore moins à rester dans les mémoires. Aucune scène n’est réellement marquante, même si au milieu de ce grand gloubi-boulga de n’importe quoi, on trouve quelques moments intéressants (l’enfance des héros et celle du perforateur pour l’essentiel). Si bien que l’on glisse complètement sur l’histoire, en restant complètement hermétique à tout. Et c’est ainsi que, 2h 8 de glissade plus tard, c’est à dire deux voyages dans le temps et trois blagues carambar plus tard, on ressort de la salle, certes un peu plus fatigué que l'on y est entré, mais en ayant déjà tout oublié de ce film vide de sens et à peine meilleur qu’un épisode de Smallville (c’est dire).



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4 novembre 2008 2 04 /11 /novembre /2008 00:01

L'histoire:

 

Ce documentaire s'attaque de plein fouet aux problèmes brûlants de l'Amérique. La caméra de Michael Moore filme avec scepticisme le Président George W. Bush et ses propres conseillers. Prenant pour point de départ l'élection controversée de 2000, le réalisateur retrace l'improbable ascension d'un médiocre pétrolier texan devenu maître du monde libre. Puis il ouvre la boîte de Pandore du Président et révèle les liens personnels et financiers qui unissent la famille Bush à celle de Ben Laden.

Michael Moore y dénonce également les méfaits du Patriot Act et les souffrances provoquées par la guerre en Irak.

  Ma note pour ce film: 3,5 /4.

Michael Moore refait l’Histoire dans ce documentaire indispensable qui nous livre une version inédite des événements qui ont récemment secoués les Etats-Unis. Si Fahrenheit 9/11 est un bon exemple du rôle politique que peut jouer le cinéma en constituant un contre-poids efficace au pouvoir, il faut néanmoins l’aborder avec précaution dans la mesure où les éclairages qui y sont produits sont rarement objectifs, peut-être même de mauvaise foi par certains aspects. D’une manière plus générale, on a toujours un peu l’impression de se faire manipuler avec ce genre de documentaire. Ici, l’objectif de Michael Moore n’est clairement pas de dresser un portrait rigoureux de George W Bush. Il s’agit d’un point de vue très tranché plutôt que d'une analyse rigoureuse qui aurait d'abord nécessité d’offrir un droit de réponse au principal mis en cause et ensuite de dresser un véritable bilan en contre-balançant les éléments à charge par les éléments à décharge. Ce parti pris de l'auteur limite peut-être la portée de son discours, d’autant plus qu’il manque peut-être par moment de retenu.

Le film est donc à prendre comme une démonstration destinée à mettre Bush face à ses contradictions. Et de ce point de vue, Michael Moore mène avec brio et preuves à l'appui, une démonstration qui fait l’effet d’une véritable bombe.

D’entrée de jeu, Bush est présenté comme un imposteur  puisque le film revient en premier lieu sur les circonstances de son élection qui repose sur un mensonge. Moore ne s’attarde pas sur cette question qui prête finalement assez peu à contestation et passe très vite aux relations entretenues entre les familles Bush et Ben Laden. Il s’agit sans nul doute de la partie la plus houleuse dans laquelle il s’embourbe dans des explications parfois dfficiles à suivre. Mais son sujet favori, celui sur lequel il s’arrête le plus longuement - sans doute parce que c’est celui qui a rendu Bush si impopulaire - reste  la guerre en Irak et ses dégâts collatéraux. Ici, il dresse un état des lieux plus qu'alarmant de la situation des deux pays en guerre.

  

Fahrenheit 9/11 pourrait faire office de film d’horreur tellement il est éprouvant et nous fait subitement prendre conscience que nous vivons dans un monde de fous. On ne peut pas vraiment sortir indemne d’un film comme celui-là qui ne se contente pas de remettre en cause la politique de Bush mais bien plus que ça: une idéologie, presque une façon de voir le monde en nous faisant comprendre que ce sont les valeurs les plus importantes, celles qui sont le plus solennellement proclamées qui sont mises à mal. On en arrive à se demander, si finalement, la démocratie et la liberté n’existeraient pas que dans les livres d’histoire. En prenant pour point de départ les attentats du 11 septembre et la guerre en Irak, la démonstration de Michael Moore tend à démontrer que, tout compte fait, une poignée d’hommes décide pour tous les autres. Et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il sait captiver son auditoire... et le séduire aussi, avec tous les dangers que le procédé peut comporter.



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21 septembre 2008 7 21 /09 /septembre /2008 20:03

L'histoire:

 

L'histoire des Hoover. Le père, Richard, tente désespérément de vendre son "Parcours vers le succès en 9 étapes". La mère, Sheryl, tente de dissimuler les travers de son frère, spécialiste suicidaire de Proust fraîchement sorti de l'hôpital après avoir été congédié par son amant.
Les enfants Hoover ne sont pas non plus dépourvus de rêves improbables : la fille de 7 ans, Olive, se rêve en reine de beauté, tandis que son frère Dwayne a fait voeu de silence jusqu'à son entrée à l'Air Force Academy.
Quand Olive décroche une invitation à concourir pour le titre très sélectif de Little Miss Sunshine en Californie, toute la famille décide de faire corps derrière elle. Les voilà donc entassés dans leur break Volkswagen rouillé : ils mettent le cap vers l'Ouest et entament un voyage tragi-comique de trois jours qui les mettra aux prises avec des événements inattendus...

 Ma note pour ce film: 3 /4.

S’agissant d’un « feel-good movie », il est difficile de résister à l’appel de ce film, tout comme il est difficile de ne pas en apprécier la petite héroïne. Pour autant, l’histoire n’est pas des plus originales, elle sent même terriblement le réchauffé : Olive, une petite fille à lunettes, s’en va participer à un concours de beauté pour lequel elle n’a a priori aucune chance de gagner, ce que bien sûr, elle ignore. Ainsi rapportée, mon esprit maléfique a tôt fait d’associer le film à une sorte de morale vantant les vertus de la beauté intérieure dont la niaiserie n’a d’égal que la naïveté et dont Disney a le secret (qu’il le garde surtout). Mais il n’en est rien et c’est sans doute en cela que Little Miss Sunshine est d’autant plus surprenant. Il est même intéressant de voir comment Jonathan Dayton et Valérie Faris ont réussi à transformer une idée de départ sur laquelle ils auraient facilement pu se casser les dents et surtout une idée usée jusqu’à l’os en quelque chose de plutôt remarquable.

En réalité, ils semblent avoir été parfaitement conscients de la difficulté, de la nécessité de dépasser le discours traditionnel, d’y apporter quelque chose en plus, si bien que l’on sent la volonté de surprendre tout au long du film, à commencer par la scène d’ouverture qui plante admirablement le décor en nous présentant des personnages plus différents les uns que les autres et dont on ne soupçonne pas qu’ils puissent faire partie de la même famille. Et pourtant, ils font bel et bien partie de la même famille! Du père au grand-père en passant par l’oncle, tous ont leur mot à dire et tous sont nécessaires à l’équilibre de cette famille. Alors, lorsque tout ce petit monde se retrouve sur la route, le voyage promet de ne pas être triste! L’originalité du film réside d’abord dans les personnages qu’il met en scène. Et il peut par ailleurs compter sur des acteurs plus vrais que nature pour leur donner vie. Tout contribue à mettre l’histoire en valeur, la musique transcende le tout.

Si bien que lorsqu’on en arrive, déjà conquis, au clou du spectacle, on éprouve une certaine appréhension à l'idée que le public puisse se moquer de la petite Olive, belle parmi les bêtes, qui dénote de beaucoup face à des filles-poupées qui semblent avoir perdues leur innocence à grand renfort de maquillage, comme si elles n’étaient plus tout à fait humaines. Quel plaisir alors de découvrir l'incroyable pied de nez qu'elle leur fait au travers de sa surprenante chorégraphie! Au final, c’est elle qui se moque des spectateurs totalement de marbre face à autant de plaisir. Si la danse en elle-même est très drôle, les réactions du public et en particulier des membres de la famille le sont encore plus.

 « You know what? Fuck beauty contests. Life is one fucking beauty contest after an other, in your school, college, work? Fuck that!  »

Finalement, le seul reproche que l'on pourrait faire concerne la réalisation un peu trop fade. Même si elle recèle de bonnes idées de mise en scène, elle prive le film de l'énergie qu'il lui aurait fallu pour coller à une histoire aussi délurée. Mais le film parvient à éclipser ses défauts derrière le plaisir qu'il procure. Sous ses airs de comédie innocente, le film qui aurait tout aussi bien pu s’appeler American Beauty est une vraie critique de la société américaine, parfois féroce, peut-être même un brin irrévérencieuse.

Voilà comment Jonathan Dayton et Valérie Faris et l’ensemble du casting ont réussi à transformer une idée banale en un film réussi, toujours original et qui refuse la facilité. Ne serait-ce tout simplement pas... le talent ?



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13 septembre 2008 6 13 /09 /septembre /2008 17:12

 

 

L'histoire:

 

 

Batman aborde une phase décisive de sa guerre au crime. Avec l'aide du lieutenant de police Jim Gordon et du procureur Harvey Dent, Batman entreprend de démanteler les dernières organisations criminelles qui infestent les rues de sa ville. L'association s'avère efficace, mais le trio se heurte bientôt à un nouveau génie du crime qui répand la terreur et le chaos dans Gotham : le Joker...

 

Ma note pour ce film: 2,5 /4.

Je n’ai jamais aimé Batman. Sans doute parce que de tous les super-héros, il fait partie de ceux dont les univers sont des plus sombres. Petit, je crois que je considérais Superman comme étant bien plus fort et écrasant à plates coutures ce gros ringard de Batman qui n’a même pas de pouvoir (la super-honte!). Plus récemment, je dois bien avouer que, bizarrement, je n’attendais  plus grand chose des super-héros depuis Superman returns et Les 4 Fantastiques. C’est dire si je n’étais pas prédisposé à aimer les films de Christopher Nolan. Et pourtant, le film des origines de l'homme chauve-souris m’a passionné.

En revenant sur ses origines et sur ce qui a fait de lui le héros que l'on connaît, Nolan avait offert à Batman une vraie légitimité, d’autant plus qu’il marquait clairement sa volonté d’inscrire le personnage dans la réalité, dans une double réalité même: celle du deuil et celle d’un citoyen qui ne peut se résoudre à observer sa ville sombrer dans la délinquance.
Après avoir humanisé le héros dans le film de ses débuts, Nolan se livre à une entreprise de déshumanisation de son meilleur ennemi. Dans
The Dark Knight, le Joker apparaît particulièrement redoutable puisqu'il ne répond à aucune règle et d’autant plus insaisissable qu’il agit par pure malveillance, son seul objectif étant de semer le chaos. Il est le Mal personnifié. Et non content d’avoir défiguré le visage de la justice en la personne de Harvey Dant, il prend à parti la population en cherchant à réveiller ses plus mauvais instincts en organisant des affrontements ou en poussant les personnages à recourir à la vengeance privée. Le film s’achève ainsi sur un message bienvenu bien que parachuté un peu brutalement: les citoyens doivent avoir confiance en leur justice pour que la vie en communauté soit possible, faute de quoi l’anarchie prend le dessus et c'est précisément ce point de non retour que le Joker cherche à atteindre. Il sait que lorsque la criminalité gagne du terrain et commence à pervertir les rapports humains, il devient de plus en plus difficile de s’en défaire. Finalement, Le Joker est un criminel parmi d'autres qui agit comme un catalyseur répandant le mal au sein d'une société déjà contaminée.

 « Le Joker ne doit pas gagner »


Nolan propose donc un blockbuster équilibré et un film de super-héros plutôt brillant... mais

qui reste cependant un film de super-héros et qui pèche par ailleurs par des défauts gênants. Sa durée d'abord puisque le film n'échappe pas à quelques longueurs.  Réglée comme du papier à lettre, l'histoire ne laisse guère de place à la surprise et l'émerveillement. Le grand nombre de personnages ensuite n’est pas forcément un avantage, bien au contraire, il dessert par certains aspects l’histoire qui ne peut que se contenter de nous offrir "un peu de chacun". Et puis, seul le Joker semble compter, il fait le show à lui seul et la conséquence directe de cela est que son absence se fait toujours lourdement ressentir. J'ai également regretté que son rôle se limite souvent à amuser la galerie. En ce sens, il est dommage de ne pas avoir fait quelque chose de plus sombre, on ressent mal la psychose générale qui gagne peu à peu la ville. Pour finir, si la scène d’ouverture est brillante, d’autres le sont nettement moins. Nolan ne semble pas être à l'aise avec les scènes d'action, la plus laborieuse à mon sens étant celle dans laquelle Batman prend d’assaut l’immeuble dans lequel des otages sont retenus. Tantôt brillant, tantôt confus, une seule chose est certaine: Batman n'en a pas fini avec le cinéma...



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27 août 2008 3 27 /08 /août /2008 20:49

Le point commun, c’est Edwige Lemoine. Son nom ne vous est sans doute pas familier et pourtant vous connaissez certainement sa voix. Et pour cause : elle est comédienne de doublage. Si participer à cette sorte de « karaoké parlant » peut sembler facile au premier abord, il n’en est rien : être comédien de doublage, ça ne s’improvise pas ! Il faut être à même de lire ses répliques à mesure qu’elles défilent, tout en suivant l’action sur l’écran. « Le plus difficile est de bien coller à l’acteur, sur l’écran, explique Hedwige Lemoine. Il faut être synchro avec ses lèvres, et adopter son rythme de jeu, ce qui n’est pas facile étant donné que l’on doit mettre de côté son propre style. C’est un peu ingrat, après tout ! » S’il peut être difficile de faire passer une émotion en jouant une scène, on peut imaginer que la difficulté est d’autant plus grande lorsqu’il s’agit de recréer cette émotion en étant totalement coupé du contexte et qui plus est avec sa voix pour seul instrument. Voilà pourquoi les personnes qui prêtent leurs voix à nos chers héros sont avant tout des comédiens, choisis par les chaînes à l’issue d'un casting.

Pour Les Simpson par exemple, une vingtaine d’acteurs ont été auditionnés pour chacun des quatre rôles. Au final, Philippe Peythieu et Véronique Augereau ont été choisis, ils forment un couple à la ville comme à l’écran puisqu’ils prêtent leur voix à Homer et Marge. Lisa est doublée par Aurélia Bruno. Quant à Bart, c'est une femme qui est chargée de lui préter sa voix: Joëlle Guigui. Depuis 20 ans, ils prêtent leurs voix aux personnages jaunes et sont pour beaucoup dans le succès de la série en France.

Ce "métier de l'ombre" reste néanmoins à bien des égards particulièrement ingrat. Ainsi, il a fallu attendre 1995 et l’organisation d’une grève pour que les noms des comédiens de doublage soient indiqués aux génériques des séries dont ils font le succès. D’autre part, les salaires perçus par les voix françaises n'ont rien de comparable avec ceux des acteurs qu'ils doublent. On se souvient du remplacement de trois des six voix de Friends après que ceux-ci aient demandé une augmentation compte tenu des cachets astronomiques perçus par les acteurs américains (environ 1 million de dollars). Pour autant, les voix françaises constituent des identités fortes que les chaînes n’ont en aucun cas intérêt de changer.

Même si les versions françaises font régulièrement l’objet de vives critiques de la part de fervents défenseurs de la VO, il n’en reste pas moins que le doublage français est souvent considéré comme le meilleur du monde. Il faut dire qu’il existe en France une véritable culture du doublage. Car même si la tendance est à la généralisation de la version multilingue, les chaînes hertziennes restent fortement marquées par une tradition de diffusion en VF, à la différence d’autres pays comme l’Angleterre qui ont très peu recours au doublage. Le rapport Claude Thélot de l’Education Nationale semblait vouloir remettre en cause cette hégémonie en prévoyant purement et simplement l'abolition du doublage à la télévision en estimant que cette « simple mesure permettrait de faire progresser [la maîtrise de l'anglais] beaucoup plus vite que ne le peut l’Ecole seule. » Mais il semblerait que cette mesure très radicale ne soit plus guère d’actualité.

La qualité du doublage français tient également au savoir-faire des différents intervenants. Généralement, une journée suffit pour doubler les rôles principaux d’un épisode de 45 minutes, en sachant que les prises sont effectuées en moyenne trois fois. Mais le doublage ne se résume pas à la prise de son qui est précédée d’un travail de préparation titanesque. Le doublage d’un épisode est un travail minutieux qui se décompose en quatre étapes qui représentent autant de défis à relever.

Lorsque le studio reçoit les épisodes à doubler, ils comportent deux bandes-sonores : la première comprend le son de l’épisode d’origine alors que la seconde est dépouillée de tout dialogue. Le travail de détection peut commencer, il consiste à retranscrire l’intégralité des dialogues sur une large bande opaque (la bande-mère). Outre les dialogues, sont également retranscrites les indications nécessaires aux comédiens (respirations, rires…) et les indications filmiques (changement de plan par exemple).

Lorsque ce travail est achevé, l’adaptateur entre en jeu pour accomplir le travail d’écriture, il inscrit la réplique traduite sous le texte en VO et doit donc logiquement faire preuve d’une parfaite maîtrise du langage. Son rôle est évidemment des plus important et il rencontre de nombreuses difficultés dans sa tâche. Il lui faut trouver des mots correspondants aux mouvements de lèvres des personnages tout en conservant le ton de l’œuvre originale et en veillant à ne pas en dénaturer l’esprit. Il ne s’agit pas d’une simple traduction. Il faut ainsi cinq journées entières pour adapter un dialogue des Simpson.

C’est seulement lorsque ce fastidieux travail est accompli que les comédiens de doublage entrent en scène pour l’enregistrement des voix. S’il est possible de procéder à un montage, c’est à dire ajuster à une ou deux images près les paroles aux mouvements de lèvres, cette opération est rarement effectuée pour les séries alors qu’elle intervient systématiquement pour les films diffusés au cinéma, cette différence s’expliquant essentiellement par de meilleurs délais et des moyens financiers plus importants. La dernière étape est le mixage. Les différentes bandes sonores sont mélangées et les différentes nuances sonores recrées.

Certaines voix sont plus reconnaissables que d'autres, celle d'Edwige Lemoine par exemple qui restera pour moi associée au personnage de Chloé Sullivan, celle de Blanche Ravalec à Bree. Axel Kiener s'accorde parfaitement à la personnalité de Michael dans Prison Break. Le doublage fait forcément perdre une part d’émotion, d’authenticité. Mais le vrai défaut reste sans doute que les mêmes voix reviennent souvent pour le doublage de personnages aux personnalités foncièrement différentes. J’ai l’impression d’avoir un don pour reconnaître ses voix. Alors bien sûr, ça n’est pas un don comme celui des Heroes qui va permettre de sauver le Monde, mais c'est plutôt déstabilisant d'entendre Susan de Desperate Housewives parler avec la voix de Buffy de… Buffy !

Pour autant, le doublage français est de bonne qualité même s’il peut être très inégal d’une série à une autre. Le magazine Télé 2 semaines a récemment dressé un classement des meilleures versions françaises, en voici le détail (je pense tout de même qu’ils auraient dû y faire figurer les Simpson qui n’a rien à envier à l’originale) :

 

1. Grey’s Anatomy, un sans faute, la voix des comédiens doubleurs colle si harmonieusement à celle des personnages qu’on en oublie le timbre des acteurs.

2. Dr House, Hugh Laurie est la star de Dr House, fort logiquement, Féodor Atkine est la vedette de la VF. Il s’approprie brillamment le personnage malgré un timbre de voix différent.

3. Les Experts, la meilleure série de la franchise a aussi la meilleure VF. Dirigés par François Dunoyer, les doubleurs sont inspirés par la froideur et les fissures de leurs models.

4. The Shield, Restituer l’esprit « live » de cette série policière était une gageure. Le chef de plateau José Luccioni y est parvenu. Son casting voix est impeccable.

5. Scrubs, le doublage de Scrubs réussit parfois l’exploit d’être plus drôle que la version originale, ce qui est un cas unique dans la comédie.

 



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